Le 15 mai dernier, le président Emmanuel Macron s’est déplacé à Berlin afin de rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel. Le but était clair : discuter des bases du futur couple franco-allemand, afin de relancer une dynamique positive au sein de l’Union européenne. Le nouveau Président français avait en effet mis l’Union européenne au cœur de sa campagne, en venant même à choisir l’hymne européen pour son arrivée à son premier discours en tant que président. Mais qu’en est-il du jugement des Français sur ses propositions européennes ?
L’institut YouGov s’est penché sur cette question, en interrogeant 1010 individus représentatifs de la population français, entre le 22 et le 23 mai 2017.
Les Français croient-ils au couple Franco-Allemand sous la présidence d’Emmanuel Macron ?
Sous la présidence d’Emmanuel Macron, près des deux tiers des Français croient en une coopération efficace de l'Allemagne et de la France pour résoudre la crise de l'Union européenne (63%). Dans le détail, un clivage générationnel semble se manifester. En effet, les plus âgés auront tendance à y croire davantage (70% des 55 ans et plus) que les plus jeunes (54%) des 18-24 ans). Notons également que les retraités font partie de ceux y croyant le plus (72%), alors que les étudiants, plus pessimistes, ne sont que 46% à y croire.
Pour aller plus loin, plus d’un Français sur deux se déclare favorable à un leadership franco-allemand de l’Europe (55%). A nouveau, la génération des 55 ans et plus semble y être majoritairement favorable (66% vs. 49% des moins de 55 ans).
Cette différence générationnelle n’est pas étonnante, puisque les générations plus âgées ont connu les couples franco-allemands fondateurs de la construction européenne. Les jeunes générations ont, quant à elles, vécu avec une Europe qui compose avec davantage d’influences. Reste à voir si cette dualité générationnelle se retrouve dans le jugement des propositions d’Emmanuel Macron sur l’Europe.
Des propositions économiques fortes et plébiscitées
Tout d’abord, près des deux tiers des Français se disent d’accord avec la mise en place d’un fonds pour la défense européenne (64%). Si tous se déclarent majoritairement d’accord avec cette proposition, seuls les 55 ans et plus y montrent une réelle envie (75% vs. 57% des 18-24 ans et 52% des 25-34 ans).
Une deuxième mesure porte sur la création d’un budget financier pour l’Union européenne, auquel près de six Français sur dix sont favorables (58%). A nouveau, les classes d’âge les plus actives sont moins enthousiastes (49% des personnes âgés de 25 à 44 ans).
Enfin, plus d’un Français sur deux est favorable à la création d’un ministère des finances commun pour les pays de la zone euro (53%). Encore une fois, les classes d’âge les plus actives y sont moins favorables (48% des 25-34 ans, 49% des 35-44 ans et 46% des 45-54 ans), alors que les 18-24 ans (53%) et les 55 ans et plus (59%) sont les plus ouvertes à ce ministère commun.
A nouveau, les Français sont divisés.
Les classes d’âge les plus actives semblent moins enthousiastes que celles des plus jeunes (18-24 ans) ou des retraités ou proches de la retraite (55+), probablement parce que la question du financement de ces réformes par les actifs entre en jeu.
Une deuxième série de propositions porte sur des mesures de politique étrangère.
Dans l’ensemble, les Français encouragent Emmanuel Macron à rester ferme durant les négociations du Brexit (66%). Les 25-54 ans sont les plus mitigés sur la question (27%, 22% et 24% d’indécis), alors que les 18-24 ans (65%) et les 55 ans et plus (78%) sont plus fermes. Cette différence de jugement peut être liée au fait que les générations les plus actives craignent davantage les conséquences économiques d’un blocage européen autour du Brexit, ou la perte du Royaume Uni comme partenaire économique.
Enfin, la dernière proposition porte sur l’augmentation de l’engagement des peuples européens dans l’intégration des réfugiés. Dans l’ensemble, les Français se déclarent défavorables à cette mesure (44% de contre). Parmi eux, les plus réfractaires sont les 45-54 ans avec plus d’un Français sur 2 contre (53%), alors que les 18-24 sont les plus ouverts à cette proposition avec 51% de oui.
Les Français semblent donc partagés dans leur jugement des propositions européennes d’Emmanuel Macron. Une première division s’opère entre les jeunes et les générations plus âgées sur le couple franco-allemand. Il semble que deux visions s’affrontent : celle d’une tradition d’un couple franco-allemand fort, et d’une nouvelle vision, davantage focalisée sur des solutions communes. La deuxième division d’opère entre les générations les plus actives et celles qui le sont moins, notamment sur leur enthousiasme face aux réformes proposées et leurs conséquences concrètes pour les citoyens européens. Reste à voir quelles solutions émergeront suite au Brexit et la place que prendra la France dans cette nouvelle Union européenne.
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