Dernier baromètre d’opinion de YouGov Suisse concernant les votations fédérales du 28 septembre 2025
YouGov Suisse présente dans cet article les résultats de la troisième enquête relative aux votations à venir. A cet effet, 3404 personnes de notre panel en ligne ont été interrogées dans la période du 3 au 16 septembre. L’enquête du premier baromètre d’opinion s’était déroulée entre le 8 et le 14 juillet, celle du deuxième baromètre entre le 12 et le 25 août.
Les principaux résultats en bref – Résumé
Le niveau d’approbation de l’impôt immobilier sur les résidences secondaires et donc de la suppression de la valeur locative a poursuivi son recul – il était de 53 pour cent en août contre 49 pour cent actuellement. Le refus de la réforme constitutionnelle devient par conséquent plus probable.
La majorité nette en faveur de l’introduction de l’e-ID a elle aussi notablement diminué, tombant de 60 pour cent au mois d’août à 55 pour cent actuellement. Même en tenant compte de l’incertitude statistique de l’estimation (intervalle de confiance), la loi serait adoptée à ce jour. Notons toutefois que le seuil inférieur estimé ne dépasse, à 51,6 pour cent, que de peu les 50 pour cent requis pour une adoption.
YouGov Suisse publie cette fois encore un baromètre d’opinion cantonal:
- Dans 7 des 26 cantons, il ne se dessine actuellement pas de majorité pour l’impôt immobilier, donc pas non plus pour la suppression de la valeur locative. Dans 7 autres des 26 cantons, on relève au contraire une majorité en faveur de l’impôt immobilier, et par conséquent de la suppression de la valeur locative. Le résultat reste ouvert dans les 12 cantons restants.
- S’agissant de l’e-ID en revanche, plus de la moitié des votantes et votants s’exprimeraient actuellement pour son introduction dans 16 cantons sur 26, l’issue du vote restant incertaine dans 10 des 26 cantons. L’état d’esprit relatif à l’e-ID a donc nettement changé au niveau cantonal. En août, les votantes et votants se disaient encore majoritairement favorables à l’introduction de l’e-ID dans la totalité des cantons. Zurich et Bâle-Ville enregistrent à nouveau les plus forts taux d’approbation, rejoints cette fois par Zoug. A Berne, l’e-ID a en revanche perdu de nombreux soutiens.
On constate au global, depuis juillet, une évolution de l’attention et de l’importance accordées aux deux objets de votation. Les Suissesses et les Suisses jugent ainsi désormais que la votation sur l’impôt immobilier est tout aussi importante que celle sur l’e-ID et s’estiment aussi bien informés sur les deux sujets.
+++
Résultats détaillés
Quels sont les enjeux des prochaines votations?
Dimanche 28 septembre, les votantes et les votants suisses s’exprimeront sur l’introduction de l’impôt immobilier cantonal sur les résidences secondaires et sur la loi sur l’e-ID. Le premier élément fait partie d’une réforme constitutionnelle plus large sur l’imposition de la propriété du logement, qui permettrait aux cantons de prélever un nouvel impôt réel sur les résidences secondaires. La votation est liée à la suppression prévue de la valeur locative – le refus de l’arrêté fédéral mettrait donc un coup d’arrêt à l’ensemble de la réforme. La loi sur l’e-ID prévoit l’introduction d’une nouvelle identité électronique émise par l’État (e-ID), qui doit permettre de s’authentifier en ligne – par exemple auprès des services administratifs, prestataires bancaires ou autres prestataires de services numériques.
Comment ont évolué les opinions sur les objets des votations durant les dernières semaines?
Les campagnes se sont naturellement intensifiées au cours des dernières semaines, et les votantes et les votants ont, dans le même temps, montré un intérêt croissant pour chacun des deux sujets concernés. Désormais, seule une petite minorité ne s’est pas encore informée du tout sur le contenu des projets.
Le refus de l’impôt immobilier se fait de plus en plus probable

L’approbation de l’impôt immobilier avait déjà baissé de 58 à 53 pour cent entre juillet et août. Aujourd’hui, seul·e·s 49 pour cent des votantes et votants approuveraient encore la réforme constitutionnelle. En parallèle, le camp du non est passé de 31 pour cent en août à 40 pour cent actuellement, avec une part d’indécis·es qui s’est réduite de 5 point de pourcentage.
Si l’on tient compte de l’incertitude statistique, le refus de la suppression de la valeur locative n’est toutefois pas encore inéluctable. La borne supérieure de l’estimation est actuellement de 53 pour cent et l’acceptation de l’objet à faible majorité reste donc une issue possible de la votation. Néanmoins, la probabilité que moins de la moitié des Suissesses et des Suisses vote «oui» a nettement reculé ces dernières semaines.
Toujours une majorité en faveur de l’introduction de l’e-ID

L’e-ID voit également le camp du non croître de manière continue depuis juillet, mais dans une moindre mesure, passant de 25 pour cent (juillet) à 31 pour cent (août), pour s’établir à 36 pour cent aujourd’hui. Toutefois, une majorité de 55 pour cent voterait encore l’adoption de la loi à ce jour.
Même si cela semble représenter une majorité relativement confortable, il faut tenir compte de l’incertitude statistique. La borne inférieure de l’estimation se situe à 52 pour cent. Par ailleurs, quelque 9 pour cent des personnes interrogées se disent toujours indécises quant à leur vote.
Des instantanés intéressants
Les résultats montrent que la probabilité d’un échec de la suppression de la valeur locative dans les urnes a continuellement évolué à la hausse ces derniers mois. Concernant l’e-ID, il ne se dessine certes pas d’approbation claire pour l’instant, mais on ne peut savoir si le camp du oui parviendra à conserver son avance d’ici le 28 septembre – ou si la course s’avèrera serrée au final.
Une description détaillée des méthodes de modélisation (MRP - modèle de régression multiniveau avec post-stratification) qui servent de socle à nos estimations figure dans la section Explications méthodologiques.
Des perspectives nuancées, grâce aux informations d’intention de vote au niveau cantonal
Comme nous l’avions déjà fait avec les données de l’enquête d’août, nous avons là encore estimé au niveau cantonal, sur la base d’un modèle MRP, l’issue des votations si elles avaient lieu maintenant. Il est ici tenu compte des caractéristiques cantonales tout en utilisant l’intégralité des données de l’enquête, pour estimer les intentions actuelles de vote, canton par canton. Cela nous permet de fournir également des résultats pour les cantons moins peuplés.
Il convient ici de bien souligner qu’il s’agit d'estimations. Les résultats ne sauraient donc être vus comme un pronostic exact pour chacun des cantons. Ils permettent en revanche d’étudier et identifier des schémas et de définir en quoi certains cantons sont similaires et d’autres ne le sont pas. Nous faisons ici la différence entre les cantons avec une base estimative incertaine et ceux où l’estimation ne fournit pas de résultat clair. Les premiers sont des cantons où, du fait de la base de données disponible et de la performance du modèle, l’évaluation doit être considérée avec une certaine prudence. Les seconds, en revanche, sont des cantons où le résultat estimé n’est pas clairement supérieur ou inférieur au seuil des 50% requis pour que l’objet soit accepté.
Un regard sur les estimations cantonales des résultats de la votation sur l’impôt immobilier révèle que dans 7 cantons sur 26, la proportion des votantes et des votants en faveur du projet est désormais clairement inférieure à 50 pour cent. Dans 7 autre cantons, l’approbation du projet, et donc la suppression de la valeur locative, est majoritaire. L’issue reste incertaine dans les 12 cantons restants.

Dans les cantons romands, Valais inclus, il se dessine un «non» clair à l’impôt immobilier. Mais ce refus exprimé et l’issue incertaine de la votation dépassent l’usuelle barrière linguistique et le «non» apparaît également très probable dans le canton de Bâle-Ville. En outre, si à Zurich et Schaffhouse par exemple, l’approbation n’est pas exclue, le taux actuel de «oui» se situe actuellement en-dessous du seuil requis de 50 pour cent.
Les données d’enquête collectées en août montraient déjà que la logique de vote différait nettement de canton à canton. Dans les cantons avec des taux élevés de locataires, comme à Bâle-Ville, ou de résidences secondaires, comme en Valais, les probabilités de la suppression de la valeur locative sont similaires, mais pour des raisons différentes. Ces schémas de justification se différencient à leur tour fondamentalement de ceux des cantons où ni le taux de locataires ni la proportion de résidences secondaires ne sont particulièrement élevés. Une analyse approfondie des motifs expliquant où et pourquoi tel vote prédomine est disponible ici (en allemand).

A l’heure actuelle, 16 cantons sur 26 voteraient pour l’adoption de l’e-ID, tandis que le résultat reste ouvert dans les 10 autres cantons. On note donc une évidente évolution de l’opinion au niveau cantonal. On remarque que dans les cantons majoritairement ruraux sans grandes agglomérations urbaines – comme Glaris, les Grisons, la Thurgovie ou le Valais, l’e-ID est accueilli avec plus de scepticisme. Notre analyse séparée révèle que l’approbation en zone rurale dépend notamment du niveau de transparence et de l’ampleur des explications fournies.
Les plus forts taux d’approbation se trouvent à nouveau à Zurich et Bâle-Ville, et cette fois aussi dans le canton de Zoug. A Berne au contraire, le projet a perdu des soutiens. Au Tessin, les estimations indiquent certes une approbation claire, mais le résultat est malgré tout à considérer avec prudence.
Le sujet de l’impôt immobilier gagne en importance mais n’en reste pas moins complexe
En outre, nos données montrent que le sujet de l’impôt immobilier intéresse de plus en plus les Suissesses et les Suisses. Ils sont à présent 61 pour cent à indiquer que cette votation est pour eux importante à très importante (contre 55% en août).

La plupart d’entre eux se sont désormais renseignés sur le contenu du projet, le plus souvent à travers les médias. Mais ils sont aussi 44 pour cent à discuter de l’impôt immobilier dans leur cercle privé (32% en août), et 50 pour cent s’estiment bien informés sur la votation à venir (28% en août).

Il est intéressant de noter que le sujet est aussi, malgré ou justement du fait de l’attention accrue qui lui a été accordée, perçu comme plus complexe. Par rapport à août, la proportion des répondant·e·s qualifiant la votation sur l’impôt immobilier de complexe a en effet augmenté, passant de 57 à 61 pour cent.
La votation sur l’e-ID au contraire est jugée complexe par un nombre bien moins élevé de votantes et votants (30 pour cent). S’agissant de l’importance personnelle accordée au projet et du sentiment d’être bien informé·e sur son contenu, on note des niveaux quasiment similaires à ceux de la votation sur l’impôt immobilier.

Avec les résultats de la dernière enquête, le baromètre d’opinion de YouGov fournit des perspectives claires: il y a deux mois déjà, les opinions étaient assez tranchées en matière d’e-ID. Depuis, l’intention manifestée par les votantes et les votants suisses d’approuver la loi proposée est restée plus stable que celle concernant l’introduction du nouvel impôt immobilier et suffirait à la faire accepter. La population suisse a en revanche commencé plus tard à s’informer sur le sujet de l’impôt immobilier et de la suppression de la valeur locative qui en dépend. Plus les gens se sont renseignés sur la question, moins ils semblent enclins à approuver la réforme constitutionnelle, de sorte qu’à l’heure actuelle, si l’issue de la votation reste ouverte, le refus de l’impôt immobilier proposé et donc la suppression de la valeur locative semblent de plus en plus probables.
Les résultats de l’enquête du mois d’août sont disponibles ici.
Les résultats de l’enquête de juillet sont disponibles ici.
Explications méthodologiques
Les résultats présentés ci-dessus se basent sur une enquête effectuée de sa propre initiative par YouGov Suisse SA (anciennement LINK Marketing Services AG) au travers d’interviews en ligne réalisées auprès des membres du panel suisse de YouGov. Les membres du panel sont recrutés activement et ont accepté de répondre à l’interview en ligne. Ont été interrogées pour cette enquête, entre le 3 et le 16 septembre 2025, un total de 3404 personnes issues d’un échantillon représentatif, ventilé par âge, genre et région linguistique. L’échantillon représente la base globale des votantes et des votants en Suisse, âgé·e·s de 18 ans et plus, en tenant compte de ces quotas. Les valeurs présentées des actuelles intentions de vote ont été calculées via une modélisation MRP, toutes les autres données représentées sont des valeurs pondérées. La pondération est basée sur les variables d’âge, de genre, de région linguistique, d’activité professionnelle et de taille du foyer. Pour une probabilité d’erreur de 5%, l’erreur d’échantillonnage s’établit à ±1,68 pour cent.
Modélisation MRP
L’estimation des intentions de vote a été faite au moyen de ce que l’on nomme un modèle de régression multiniveau avec post-stratification (MRP). Un processus statistique permet d’évaluer la relation entre un certain nombre de caractéristiques de participant·e·s à la votation et leurs préférences – à savoir si, pour un objet de votation défini, elles ou ils voteraient (actuellement plutôt) oui ou non. Le modèle identifie ainsi différents groupes de votantes et de votants, pour lesquels on calcule la probabilité de voter oui ou non. S’agissant des groupes, nous prenons en considération les différentes combinaisons d’âge, genre, niveau d’étude, parti plébiscité et canton.
Est d’abord évaluée la probabilité de participation aux votations pour tous les groupes combinés. Vient ensuite une estimation du comportement de vote des groupes lors des votations. Pour les groupes pour lesquels il n’existe que peu de données d'observation, la régression multiniveau peut consolider l’estimation à l’aide des données de groupes similaires. La prévision à l’échelle du groupe est extrapolée à l’ensemble de la population à l’aide des proportions connues de population (données de l’OFS suisse) et des probabilités de participation prévues.
Comme pour toute mesure faite sur la base de données d’enquête, la modélisation MRP des intentions de vote comporte une part d’incertitude. C’est pourquoi nous indiquons un «intervalle de confiance» pour la proportion de oui à toute votation, puisque c’est cette proportion de oui qui décide au final de l’adoption ou du rejet d’un projet. L’intervalle de confiance a 95% de chance de contenir la vraie proportion. Plus simplement – même si ce n’est pas tout à fait juste dans le langage de la statistique fréquentiste –, il faut noter que la vraie valeur se situe plus probablement au centre de l’intervalle qu’à ses bornes supérieures et inférieures.
Avec la modélisation MRP des intentions de vote, nous souhaitons contribuer à plus de variété et de transparence dans les sondages d’opinion. Outre les enseignements de contenu que nos analyses offrent au grand public, nous fournissons une nouvelle valeur comparative, qui permet de mieux classer différentes approches d’enquête et leurs résultats. Nous avons conscience que les modèles MRP constituent une approche méthodologique relativement nouvelle dans l’analyse des sondages d’intentions de vote en Suisse. Nous œuvrons en permanence à contrôler et améliorer nos méthodes. En tant que scientifiques travaillant de manière empirique, nous estimons devoir introduire et tester des méthodes innovantes, afin d’améliorer la mesure des préférences et du sentiment politiques et de mettre à disposition des résultats qui révèlent ce que le monde pense.