Les Européens demeurent plus enthousiastes au sujet de l’OTAN que les Américains. Et ce, malgré le fait que les Britanniques, les Français et les Allemands soient aujourd’hui moins favorables à voir leurs pays toujours signataires de ce traité.
Les résultats d’une nouvelle étude internationale YouGov pourraient inquiéter les leaders des pays de l’OTAN, et ce, alors que l’alliance célébrait son 70e anniversaire le 4 décembre dernier.
L’étude, réalisée dans les principaux pays de l’OTAN, démontre que le soutien envers son adhésion s’est effondré dans plusieurs pays européens ces deux dernières années.
Alors qu’en 2017, presque 3 Britanniques sur 4 (73%) y étaient favorables, ce chiffre a depuis chuté à 59%. De même, en Allemagne, le soutien est passé de 68% à 54% et en France de 54% à 39%. Les pays nordiques comme le Danemark et la Norvège ont respectivement connu une baisse de 80% à 70% et de 75% à 66%.
Les réticences de certains pays à rester membres de l’OTAN ne signifient pas pour autant que les populations s’y opposent. En effet, l’opinion semble évoluer d’un soutien à l’appartenance vers un « ni favorable, ni défavorable » ou « je ne sais pas ». La proportion de personnes activement opposée à l’appartenance de leur pays à l’OTAN reste quant à elle inchangée.
Du côté des Etats-Unis, l’opinion publique est plus stagnante : les Américains restent moins enthousiastes concernant leur appartenance à l’OTAN que certains de leurs homologues Européens. 44% des Américains sont favorables au fait de faire partie de l’alliance, tandis que 47% affirmaient la même chose en 2017. Sur la même période (2017-2019), l’opposition a diminué de 15% à 10%.
Les Européens semblent moins convaincus par la pertinence de l’OTAN
Il y a deux ans, Donald Trump a qualifié l’OTAN d’ « obsolète ». L’étude YouGov a révélé que les Européens sont de moins en moins nombreux à soutenir l’alliance et à être convaincus de l’importance de l’OTAN concernant la défense nationale. Même si les Européens considèrent encore globalement l’OTAN comme importante, la proportion de personnes qui partagent cet avis a chuté de 7 à 10 points de pourcentage. En France, ce chiffre a diminué de 52% à 42%, en Allemagne de 62% à 53% et en Grande-Bretagne de 68% à 59%.
Là encore, cela ne s’accompagne pas d’une hausse équivalente du nombre de personnes qui pensent que l’alliance n’a plus un rôle utile à jouer.
Tout comme leur point de vue sur l’appartenance à l’OTAN, l’opinion des Américains sur la pertinence de l’OTAN reste globalement inchangée (43% contre 46% en 2017).
Les citoyens des pays de l'OTAN continuent de penser que leur pays devrait respecter leurs engagements au titre de l'article 5, mais cela semble dépendre du pays qu'on leur demande de défendre.
En dépit d'un enthousiasme de plus en plus faible pour l'alliance, les pays membres qui ont été interrogés continuent de soutenir fermement la disposition de l'article 5. Ce dernier stipule qu'une attaque contre un pays est une attaque contre tous, obligeant tous les pays membres à se défendre mutuellement.
Une nette majorité d'Américains (57%), de Britanniques (66%) et d'Allemands (58%) soutiennent cette promesse, et un peu plus de la moitié des Français (53%) sont également prêts à venir soutenir leurs alliés en cas de besoin.
Cela reste vrai jusqu'à ce qu'on leur demande quel pays il faut défendre.
Nous avons demandé aux répondants s'ils pensaient que leur pays devrait être prêt à défendre 13 autres pays, dont 10 sont des pays membres de l'OTAN. Les trois autres (Suède, Finlande et Ukraine) sont des pays partenaires, et donc des cibles potentielles pour les Russes en cas de conflit.
Si la majorité des répondants tend à affirmer qu’il faut aider la plupart des nations, il existe une ambivalence particulière quant à la défense de la Turquie, malgré son statut de membre de l'OTAN. En fait, ce n'est qu'aux Etats-Unis que les citoyens ont tendance à penser que la Turquie devrait être défendue (36% alors que 22% ne le pensent pas). D’autre part, les Britanniques sont divisés entre 31% pour et 31% contre. Les Français et Allemands ont quant à eux largement tendance à s’opposer à la défense de la Turquie.
Les citoyens français et allemands préféreraient également ne pas venir en aide à l'Ukraine assiégée – qui semblait autrefois sur le point d'adhérer à l'OTAN – ou à la Roumanie. Les Allemands sont également plus nombreux à s'opposer à la perspective de défendre les Etats-Unis d'une attaque (43% contre 32% de soutien). En revanche, 54% des Américains pensent qu'ils devraient défendre l'Allemagne si elle se trouvait assiégée.
Méthodologie
Etude Omnibus réalisée du 13 au 27 mars 2019, auprès de 9 993 personnes en Europe et aux Etats-Unis. Elle inclue 8 échantillons représentatifs de chaque population représentée, selon la méthode des quotas, dans les pays suivants : Royaume-Uni (n=1 697), Allemagne (n=2 034), France (n=1 029), Danemark (1 008), Suède (n=1 005), Finlande (n=1 006), Norvège (n=1 008), Etats-Unis (n=1 206).
NOUS CONTACTER