Les négociations du Brexit étant bien entamées, il est temps pour les pays européens de travailler leur stratégie afin de protéger leurs avantages dans leur futur accord avec la Grande-Bretagne. Les premières tensions se sont fait récemment sentir, notamment sur la question de la dette du Royaume-Uni, ou encore de l’avenir des ressortissants britanniques vivant en Europe. YouGov a voulu en savoir plus sur l’avis des Européens sur les rapports de force et les objectifs de chacun, au cours des mois à venir.
Cette étude se base sur un panel de 8323 individus représentatif de la population nationale de 7 pays européens (Grande Bretagne, Allemagne, France, Danemark, Suède, Finlande, Norvège), du 23 au 24 juillet 2017.
La Grande Bretagne est-elle toujours influente dans les affaires européennes ?
Le Brexit fait toujours débat auprès des britanniques puisque 46% d’entre eux affirment souhaiter rester membre de l’Union européenne dans le cas d’un référendum, contre 43% qui souhaiteraient partir. En revanche, les Britanniques semblent les plus pessimistes quant au futur de l’Union européenne (52%). Le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne étant acté, il est intéressant d’évaluer le ressentit des Européens sur une potentielle influence britanniques dans les négociations du Brexit.
L’Allemagne (65%) et la France (45%) sont les pays qui considèrent le plus l’influence britannique dans les affaires européennes, alors que les pays nordiques tendent à minorer celle-ci : 24% pour la Finlande et la Suède et 19% pour la Norvège. La Grande Bretagne, elle, se voit plutôt comme influente (37% vs 28%). Pour autant, les pays européens semblent clairement considérer que le reste de l’Union européenne a l’avantage dans les négociations du Brexit. En tête, plus d’un Britannique sur deux affirme que le reste de l’Union européenne a l’avantage dans les négociations du Brexit. En retrait, l’Allemagne (47%) et la France (35%) partagent cette avis sans pour autant minimiser l’impact de la Grande Bretagne.
Le reste de l’Union européenne se voit donc être en position de force face à la Grande Bretagne dans les négociations du Brexit. Pour autant, qu’en est-il des objectifs de chacun ?
Quelles priorités dans les négociations du Brexit ?
Nous avons demandé aux Européens et aux Britanniques de se définir leur priorités respectives dans les négociations du Brexit.
Les priorités des deux parties semblent donc diverger ! Pour le Royaume-Uni, la priorité est de contrôler l’immigration (41%), coopérer sur la sécurité et l’antiterrorisme (38%), et garantir des échanges commerciaux avec l’Union européenne sans restrictions ni taxes (36%).
L’Union européenne place quant à elle la coopération sur la sécurité et l’antiterrorisme en tête (en moyenne 44%). Arrivent ensuite l’objectif de s’assurer que le Royaume-Uni paie ses dettes (38%) – élément qui arrive d’ailleurs en tête pour l’Allemagne (45%) et la France (40%) et de ne pas donner au Royaume-Uni les avantages d’un pays membre sans qu’il le soit (34%). L’Union européenne semble donc vouloir limiter les prérogatives de la Grande-Bretagne, afin de ne pas trop lui laisser une place de « partenaire particulier » aux avantages considérables. Au contraire, le Royaume-Uni semble vouloir surtout se focaliser sur le fait de garder ses avantages économiques, puisque le sort des ressortissants britanniques n’arrive qu’en avant dernière place (25%).
Les objectifs des deux parties sont donc bien identifiés, et divergent clairement. Les pays européens semblent voir un avantage certain de l’Union européenne, cependant l’influence britannique reste clairement présente. Ces éléments nous promettent des négociations longues et périlleuses.