La prolongation de l’état d’urgence ré-approuvée par une très large majorité des Français, qui ne jugent pas cette mesure « efficace » pour autant
Dans la soirée du 14 juillet dernier, à l’issue du feu d’artifice donné pour la Fête Nationale, une attaque terroriste a eu lieu sur la promenade des Anglais à Nice, faisant 84 morts et des centaines de blessés. Suite à cette attaque, des mesures ont été avancées pour répondre à la menace terroriste, dont la prolongation de l’état d’urgence.
Plus des trois quarts des Français se déclarent favorables à la prolongation jusqu’en janvier 2017 de l’état d’urgence mis en place en France pour endiguer la menace terroriste (76%, soit 7 points de plus que lors de la dernière prolongation de l’état d’urgence en janvier dernier). Et lorsqu’on observe les résultats en détail, les tendances sont identiques à celles observées en début d’année, tous se prononçant davantage en faveur de l’allongement de l’état d’urgence.
Tout d’abord, les plus jeunes demeurent moins enclins que leurs aînés à un tel prolongement, avec 69% des 18-34 ans qui s’y déclarent favorables (+13 points par rapport à janvier), comparé à 75% des 35-54 ans (+9 points) et 81% des 55 ans et plus (+4 points).
Et quand on observe la proximité partisane des interrogés, si seule la moitié des sympathisants de l’extrême gauche est favorable à la prolongation de l’état d’urgence (52%, -2 points), le reste des franges de l’opinion la sollicite davantage - 80% des sympathisants PS, EE-LV (+4 points), 82% des Centristes (+3 points) et des Frontistes (+4 points) et 88% des sympathisants Les Républicains (+7 points).
Mais, malgré le soutien général de la population, moins d’un Français sur trois estime que ce dispositif est efficace pour lutter contre la menace terroriste en France (27%). On remarque logiquement que, suite aux attaques terroristes survenues cette année, les Français sont beaucoup plus critiques à l’égard de ce « régime d’exception ». En janvier dernier, ils étaient 58% à le considérer comme efficace, soit 31 points de plus qu’aujourd’hui !
Dans le détail, les plus jeunes restent les plus critiques vis-à-vis de l’efficacité de l’état d’urgence : seuls 25% des 18-34 ans saluent son efficacité (-21 points par rapport à janvier dernier), comparé à 26% des 35-54 ans (-27 points) et à 30% des 55 ans et plus (-38 points). Et comme c’était le cas en janvier, les sympathisants des extrêmes demeurent sceptiques face à l’efficacité d’une telle mesure : seul 16% des sympathisants de l’extrême droite lui reconnaissent une certaine efficacité (-41 points), comme 19% des sympathisants de l’extrême gauche (-30 points).
Choqués par les réactions des politiques suite à l’attentat de Nice, les Français souhaitent un renforcement du dispositif anti-terroriste
Dès le lendemain de l’attentat de Nice, une polémique a éclaté autour du dispositif de sécurité en vigueur dans la ville le soir-même, laissant la place aux conflits politiques et à la recherche d’éventuels fautifs.
Face à cette polémique, plus d’un Français sur deux estime que « la réaction de politique a été choquante, car l’unité nationale devrait prévaloir dans un contexte post-attentat » (52% - comparé à 30% des Français estimant la réaction des politiques appropriée).
Cependant, ce constat varie beaucoup en fonction de la proximité partisane des interrogés : à droite, où les représentants des formations politiques ont été plus virulents face à d’éventuelles failles sécuritaires, les sympathisants estiment que la réaction des politiques face au drame de Nice a été appropriée (56% des sympathisants Les Républicains et 42% des sympathisants Front National). A contrario, une majorité des militants du centre (58%), de l’extrême gauche (59%) et du PS, EE-LV (70%) considère que l’union nationale aurait dû prévaloir dans ce contexte pos-attentat, et que la réaction polémique quasi-immédiate des politiques n’était pas l’attitude à adopter.
Désigné comme le principal fautif suite aux accusations de failles portant sur le dispositif de sécurité déployé, de nombreuses personnalités politiques ont appelé à la démission du Ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Face à cette question, les Français sont très partagés : 38% s’y déclarent défavorables, et 39% favorables. Ce statu quo n’est pas vrai dans toutes les franges de l’opinion : si 50% des sympathisants Les Républicains et 67% des sympathisants Front National souhaitent une démission de Bernard Cazeneuve, une majorité des sympathisant PS, EE-LV y est défavorable (68%), tout comme 49% des centristes.
Et s’ils ne souhaitent pas forcément une démission de leur Ministre de l’Intérieur, les Français, marqués par deux attaques terroristes en moins de 15 jours, sollicitent un renforcement des dispositifs sécuritaires.
Tout d’abord, 8 Français sur 10 se disent favorables au maintien de l’opération Sentinelle à son niveau maximal, qui consiste en le déploiement de plus de 10 000 soldats sur le territoire national (80%). Aussi, plus de trois Français sur quatre se disent favorables au placement de l’ensemble des individus fichés S en centre de rétention (76%). Enfin, près des deux tiers des Français souhaitent voir, en réaction à la menace terroriste, la constitution d’un gouvernement d’unité nationale représentant toutes les forces politiques du pays (65%).