L’utilisation des termes « migrants », « réfugiés » ou encore « immigrants » a beaucoup été débattue dans les médias, donnant régulièrement lieu à des critiques sur le traitement médiatique réservé à cette crise migratoire. Quel a été l’impact de l’utilisation des mots « réfugiés », « migrants » ou « immigrants » dans la volonté d’accueil de ces derniers sur notre sol ? Et comment les Français ont-ils ressenti cette crise, par rapport aux Allemands, aux Britanniques et d’autres ressortissants européens ?
Basé sur une étude internationale menée fin septembre dans plusieurs pays d’Europe – Norvège, Suède, Finlande, Danemark, Grande Bretagne, Allemagne, Autriche, Hongrie, Grèce et France – sur des échantillons représentatifs de chacune des populations nationales, voici un premier bilan de la perception de cette crise migratoire par les Français et les Européens.
Les Français sont plus sensibles à la situation des « personnes fuyant la terreur » qu’à celle des « migrants »
Le mot employé pour se référer aux populations qui essayent de rejoindre l’Europe actuellement influence-t-il les avis des Français ? YouGov a posé la question suivante « De manière générale, pensez-vous que la France devrait accueillir plus ou moins de « réfugiés »/ « immigrants »/ « migrants »/ « personnes fuyant la terreur et les persécutions » qu'elle ne le fait actuellement? » où chaque répondant visualisait seulement l’un de ces quatre termes, utilisés pour définir les populations se rendant en Europe. Les résultats démontrent que les Français s’opposent d’une manière générale à l’accueil supplémentaire des quatre catégories citées : plus d’un Français sur deux estime que la France doit accueillir moins de « réfugiés » (58%), moins d’ « immigrants » (57%) et moins de « migrants » (52%). En définitive, les Français sont plus favorables à l’accueil de « personnes fuyant la terreur et les persécutions » (24%) qu’à celui d’autres catégories les autres catégories : seuls 10% des Français se déclarent favorables à l’accueil d’« immigrants » supplémentaires. Et lorsqu’il s’agit de « réfugiés » 13% s’y déclarent favorables, 15% quand c’est le terme « migrants » qui est utilisé.
Ces positions défavorables à l’accueil de plus de « réfugiés », « immigrants » et « migrants » se vérifient-elles également dans les autres pays interrogés ? Plus en détail, on observe que nos voisins Allemands sont les moins enclins à les accueillir, que ce soit des « réfugiés » (65%), « migrants » (64%), « immigrants » (60%), ou des « personnes fuyant la terreur et les persécutions » (55%).
A l’inverse, les pays nordiques semblent plus réceptifs à l’accueil de ces populations de manière générale, le Danemark étant le pays le plus ouvert à l’accueil des « réfugiés », des « immigrants » (33% pour chacune de ces catégories) et des « migrants » (30%). En tout, ce sont les « personnes fuyant la terreur et les persécutions » que les Danois sont les plus favorables à accueillir (35%).
Entre colère et empathie : quelles émotions traversent les Européens à propos de la crise migratoire ?
En demandant aux personnes interrogées de choisir deux ou trois émotions qui reflètent leurs sentiments quant à la crise migratoire actuelle, nous avons pu établir un panorama des émotions ressenties par les Français et les Européens en général. Dans l’ensemble, les émotions négatives sont majoritaires chez les Européens, même si l’empathie et la compassion sont aussi largement citées, notamment au nord de l’Europe.
Somme toute, qu’il s’agisse de « réfugiés », « immigrants », « migrants » où « personnes fuyant la terreur et les persécutions », leur périple a touché les Français. Parmi les nationalités étudiées, les Français sont les plus prompts à manifester de la colère (36%). Environ un tiers des Français se déclare attristé (32%) et effrayé (31%) par les événements. La tristesse est d’ailleurs l’une des émotions la plus ressentie par les populations européennes : 45% des Norvégiens, 39% des Danois, 35% des Finlandais ex-aequo avec les Britanniques se déclarent tristes.
D’autre part, l’effroi (troisième émotion la plus citée par les Français) domine l’état d’esprit Allemand où plus d’un habitant sur deux (57%) se déclare effrayé. Les Danois, quant à eux, sont ceux qui expriment le plus leur empathie envers les réfugiés (40%) ce qui corrobore leurs positions plus ouvertes vis-à-vis de l’accueil des populations migrantes.
La figure suivante présente les résultats détaillés, pays par pays.