Les Français, les Européens et l’Euro

Suzanne Ter-MinassianResponsable de la recherche politique et sociale
juillet 04, 2012, 9:39 AM GMT+0

Cet article est publié dans atlantico.fr

Un sondage YouGov réalisé à la veille du sommet européen montre que les Français sont relativement plus favorables au maintien de la Grèce dans la zone euro que le reste des pays membres (Allemagne et Angleterre). Mais surtout, ils sont bien plus optimistes sur le futur de la monnaie unique. Un optimisme somme toute relatif...

Les Français se démarquent de leurs collègues européens par leur optimisme, qui pourrait expliquer leur soutien à la Grèce. Un sondage YouGov réalisé à la veille du sommet européen dans sept pays révèle que la principale différence entre Français et Allemands réside dans leur optimisme relatif sur l’avenir de la zone euro, qui pourrait expliquer le niveau (relativement) important de soutien au maintien de la Grèce dans la monnaie unique.

  • 49% des Français souhaitent que la Grèce quitte la zone euro
  • 38% des Français souhaitent le maintien de la Grèce dans la zone euro,
  • Seuls 24% des Allemands et 25% des Anglais veulent que la Grèce reste dans la zone euro.
  • 40% des Français estiment que la zone euro survivra telle quelle au cours des dix prochaines années, contre seulement 14% des Anglais et 22% des Allemands.

Ce sondage réalisé dans sept pays Européens, (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Norvège, Suède, Finlande et Danemark) entre les élections grecques et le sommet européen révèle que la France se distingue de ses voisins européens par un soutien à la Grèce et par son optimisme sur l’avenir de la zone euro.

Seuls 38% des Français souhaitent que la Grèce reste dans la zone euro, alors que presque la moitié souhaite qu’elle en sorte (49%). Ce faible niveau de soutien reste toutefois le plus important de tous les pays sondés. En effet, on observe une différence de 14 points entre le niveau de soutien français, et le niveau de soutien allemand ou anglais.

La différence entre la France et le reste de l’Europe résulte d’une différence de diagnostic sur l’avenir de la zone euro. Les Français sont deux fois plus nombreux que les Allemands à penser que la zone euro survivra « telle quelle » dans dix ans (respectivement 40 et 22%). Inversement, les Français sont ceux qui croient le moins au scénario d’une sortie de la Grèce de la zone euro.

On ne trouve pourtant pas de trace d’un attachement politique à l’Union européenne en France. Comme en Allemagne, seule une courte majorité de Français voterait en faveur du maintien dans l’UE si un référendum était organisé demain. Les Français ne défendent donc pas la Grèce par principe, ils estiment simplement que sa sortie n’est pas nécessaire.

La véritable spécificité de l’opinion publique française est donc bien son optimisme sur l’avenir de la Grèce et de la zone euro. C’est de là que vient le fort niveau de soutien au maintien de la Grèce dans la zone euro.

Cette différence de diagnostic se double d’un intérêt peu prononcé chez les Français pour la crise européenne. A la veille du second tour des élections présidentielles, les Français n’étaient que 4% à citer la zone euro comme leur principal sujet préoccupation en politique, et 15% à citer la dette. Un sondage YouGov pour le Financial Times révèle que le niveau de préoccupation est bien plus haut de l’autre côté du Rhin. En effet, 64% des Allemands estiment que la crise Européenne est l’un des deux principaux dangers pour leur pays. Plus préoccupés et plus inquiets, les Allemands semblent moins disposés à maintenir la Grèce dans la zone euro.

Enfin, cette différence de diagnostic ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt : on aurait tort de prendre cet optimisme pour de l’attachement politique. Si l’intérêt économique de la monnaie unique semble faire l’objet d’un consensus dans les pays étudiés, l’Union européenne est loin de jouir d’une popularité similaire. Si demain, des référendums sur l’adhésion à l’Union européenne étaient organisés, à peine un Français sur deux voterait pour le maintien dans l’Union européenne, tout comme les Allemands… Un optimisme tout relatif, donc.