Improbable et pourtant si réel, les Britanniques ont voté à 51.9% en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Ce résultat pose désormais les bases d’une triste réalité qui jusque-là calmait toutes les réticences à l’égard de l’Union Européenne via son aspect fictif : la sortie de l’Union Européenne n’est à présent plus une menace mais une réalité.
Les Européens et Britanniques en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’Union Européenne se sont réveillés en ce vendredi 24 juin dans l’incompréhension la plus totale. Alors que les dernières enquêtes d’opinion donnaient le « in » en tête (52%), les résultats définitifs ont laissé place à l’inconnu puisque jamais un tel cas de figure ne s’était présenté depuis la création de l’Union Européenne.
C’est dans cette optique que YouGov a mené l’enquête auprès des Français et de leurs principaux voisins européens.
Les Européens pessimistes quant aux conséquences du Brexit
Interrogés sur le futur de l’Union européenne, les Français et leurs principaux voisins européens semblent assez pessimistes. En effet, un peu plus des deux tiers des Français se disent pessimistes vis-à-vis du futur de l’Union européenne (64% - dont 25% étant très pessimistes) alors que seuls 26% se disent au contraire optimistes. Dans le détail, et sans surprise, six Britanniques sur dix se disent pessimistes lorsqu’ils songent au futur de l’Union européenne (60% - dont 22% étant très pessimistes). En retrait, les Allemands semblent plus partagés avec 48% de pessimistes pour 41% d’optimistes.
Pour autant, à la différence de ses voisins européens, la France semble accorder moins d’importance au Brexit, en minimisant ses conséquences sur le reste de l’Union européenne. En effet, un peu plus d’un tiers des Français pense que le Brexit ne fera aucune différence (35%) et 28% estiment même que cela sera bénéfique sur le reste de l’Union européenne. Les ressortissants des autres pays estiment quant à eux que la sortie du Royaume-Uni engendrera des conséquences néfastes pour le reste de l’Union européenne : 61% des Britanniques, 58% des Danois ou encore 48% des Allemands se disent inquiets.
On retrouve cette même idée du côté des Français où près d’un quart de la population se dit avant tout « indifférente » face à la décision du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne (24%). Si l’indifférence règne du côté français, l’Allemagne demeure avant toute chose « anxieuse » face à cette nouvelle (34%) alors qu’au Royaume-Uni le « choc » domine l’opinion (29%).
Pessimistes, les Européens le sont également quant à la future situation économique du Royaume-Uni. En effet, plus d’un Français sur deux estiment que la situation économique du Royaume-Uni va se dégrader au cours des 12 prochains mois (51% - avec 22% estimant que la situation va beaucoup se dégrader). Constat largement partagé par les Allemands où près des deux tiers de la population estiment que la situation va se dégrader (63% - avec 22% estimant que la situation va beaucoup se dégrader).
Démission de Cameron, indépendance de l’Ecosse et futurs accords de coopération économique : les Européens se prononcent sur l’après
« Un saut dans l’inconnu et des années d’incertitudes pour le pays » - Le Brexit selon David Cameron.
Première conséquence - la démission de David Cameron. A l’initiative de ce référendum historique, David Cameron en avait même fait sa principale promesse de campagne en janvier dernier. Pourtant en faveur du « stay », le Premier Ministre se retrouve désormais face à ses promesses et a pris la décision de démissionner de son poste de Premier Ministre et de celui du chef du parti Conservateur. Bonne ou mauvaise décision ? Les Français semblent lui donner raison : en effet, près de deux Français sur trois estiment qu’il a eu raison de démissionner de ses fonctions (62%). Constat partagé par les Allemands (52%) et surtout par les Britanniques (54%).
« Si le Royaume-Uni sort de l’Europe, l’Ecosse sort du Royaume-Uni », Tony Blair.
Deuxième conséquence – la désunion du Royaume-Uni. Majoritairement en faveur du « in » (62%), l’Ecosse se retrouve embarquée malgré elle dans l’un des tournants politiques majeurs de l’Union Européenne. Cependant, ce résultat permet à la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon de poser les bases d’un second référendum sur l’indépendance de l’Ecosse. Le premier, organisé en 2014, avait été remporté par le non avec 55% des voix mais dans un contexte tout à fait différent. Interrogés sur cette question, plus des deux tiers des Français estiment probable qu’un second référendum puisse être organisé pour décider de l’indépendance de l’Ecosse (68% - avec 27% estimant même cela très probable). Opinion largement partagée par ses principaux voisins : 72% des Allemands et 75% des Britanniques.
Enfin, troisième conséquence - les futures relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Place financière importante, la city de Londres représente le cœur économique de l’Union européenne. Malgré cela, en sortant, la Grande-Bretagne se prive de ses privilèges. Partenaire économique de premier plan le Royaume-Uni se retrouve face à la fermeté de ses voisins européens. En effet, plus d’un Français (53%) et d’un Allemand (53%) sur deux estiment que l’Union européenne ne devrait offrir aucun accord avantageux au Royaume-Uni suite à sa sortie de l’Union européenne.
Point de discussion sur les futures relations du Royaume-Uni avec l’Union européenne, il a été suggéré que le prochain gouvernement britannique puisse demander un accord de libre-échange avec L’Union européenne, mais sans aucun droit pour les citoyens européens de vivre et travailler en Grande-Bretagne. Hypothèse envisageable et mais seulement que sous certaines conditions : 45% des Français et Allemands estiment que les pays membres de l’Union européenne devraient accepter un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni seulement s’il continue à permettre aux citoyens européens de vivre et travailler au Royaume-Uni. A noter que près d’un quart des Français (23%) et des Allemands (23%) estiment qu’aucun accord de libre-échange ne devrait être accepté avec le Royaume-Uni.
Malgré cette fermeté affichée par les populations françaises et allemandes à l’égard du Royaume-Uni, l’Union européenne en fera-t-elle de même ?