« Ça va mieux » pour François Hollande et Manuel Valls
La formule prononcée par le Président de la République lors de sa dernière interview télévisée semble trouver écho auprès des Français. Le couple exécutif enregistre ce mois-ci une légère embellie dans un contexte politique mitigé, marqué par la réforme du code du travail, le développement du mouvement « Nuit Debout », et les récents chiffres positifs de l’emploi en France.
Fort de la baisse du chômage et d’une croissance plus importante que prévue pour ce premier trimestre 2016, le président de la République renoue avec la confiance des Français et met fin à une chute de popularité ininterrompue depuis décembre 2015. Crédité de 16% d’avis favorables (+3 points par rapport au mois dernier), François Hollande progresse dans toutes les franges de l’opinion, sauf au sein de son propre parti politique, où la rupture idéologique semble consommée. A droite, il enregistre une hausse de 5 points chez les sympathisants Frontistes (7% d’avis favorables) et une hausse de 1 point auprès des sympathisants du parti Les Républicains (6% d’avis favorables). Au centre, François Hollande progresse également, et se voit crédité de 16% d’avis favorables (+5 points). A gauche enfin, le bilan est plus mitigé avec une hausse de 3 points auprès des sympathisants du Front de Gauche (21% d’avis favorables) mais aussi une baisse de 2 points au sein de son parti (40% d’avis favorables).
Le Premier ministre Manuel Valls connaît lui aussi un léger mieux dans l’opinion en ce mois de mai. Crédité de 22% d’opinions favorables, Manuel Valls inverse la tendance en regagnant des points de popularité pour la 1ère fois depuis décembre 2015 (+2 points). Manuel Valls enregistre des évolutions disparates en fonction de la proximité partisane des interrogés : crédité de 32% d’avis favorables par les Centristes, c’est dans ce camp qu'il enregistre le plus forte hausse (+12 points). Du côté de l’opposition, le Premier Ministre est crédité de 11% d’avis favorables auprès des sympathisants du Front National (+5 points) et de 10% d’avis favorables auprès des sympathisants du parti Les Républicains (-3 points). A gauche, le constat est le même que pour François Hollande : s’il connaît une hausse de 7 points auprès des sympathisants du Front de Gauche (22% d’avis favorables), Manuel Valls ne capitalise pas auprès de sa propre majorité et y perd 5 points ce mois-ci (47% d’avis favorables).
En ce mois de mai, un changement est à enregistrer concernant le top 3 des sujets de préoccupations des Français en politique. Mentionné par 33% des Français, « le chômage, l’emploi » reste à la première place malgré une baisse de trois points. L’ « immigration » reste stable (14%) et se maintient à la seconde place de ce classement, tandis que « la protection sociale » fait son entrée sur ce podium en se plaçant 2ème ex-aequo (14%, + 3 points).
Comme l’exécutif, le gouvernement est mieux perçu par les Français en mai
A l’instar du couple exécutif, le gouvernement connaît, ce mois-ci, un regain de popularité dans l’opinion (15% d’avis favorables, + 3 points). Contrairement au mois dernier, c’est par l’extrême gauche et par le centre que l’équipe ministérielle progresse : 22% des sympathisants du Front de Gauche et 18% des centristes ont ainsi une opinion favorable de son action (respectivement, +14 et +11 points). Le gouvernement gagne également des points auprès de l’électorat Frontiste (6% d’opinions favorables, +5 points), mais régresse chez les Républicains (3% d’opinions favorables, - 2 points) et chez les proches PS, EE-LV (38% d’opinions favorables, -4 points).
Malgré les fortes critiques formulées à l’égard de la Loi Travail, le gouvernement enregistre ce mois-ci une hausse générale sur les items politiques et sociétaux. Près d’un tiers des Français estime que le « gouvernement est prêt à prendre des décisions impopulaires si elles sont bonnes pour le pays » (30%, +4 points), « qu’il a de bonne intentions, même s’ils ne sont pas toujours d’accords avec ses positions » (30%, +3 points) et « qu’il s’adresse à toute la population, pas seulement à ses électeurs » (27%, +3 points). Enfin, moins d’un quart estime « qu’il a une ligne claire, dont il ne bouge pas » (22%, +3 points), « qu’il est composé de personnes compétentes » (19%, + 2 points) et « qu’il va de l’avant, et propose des mesures modernes » (17%, +2 points).
Chez Les Républicains, le constat est identique, avec une progression plus accentuée que celle du gouvernement. Plus d’un tiers des Français estime que le parti Les Républicains « est prêt à prendre des décisions impopulaires si elles sont bonnes pour le pays » (37%, +5 points), et «qu’il a de bonnes intentions, même s’ils ne sont pas toujours d’accord avec ses positions » (33%, +2 points). Moins d’un tiers estime « qu’il est composé de personnes compétentes » (30%, +3 points), « qu’il a une ligne claire, dont il ne bouge pas » (27%, +5 points) et « qu’il va de l’avant, et propose des mesures modernes » (27%, +4 points).
« Nuit Debout », connue par plus de 9 Français sur 10, est perçue positivement par une majorité de Français, mais ne recueille pas de soutien massif
Le mouvement « Nuit Debout » est né le 31 mars, et réunit des milliers de personnes chaque jour, Place de la République à Paris, et dans plusieurs villes de France. Cette manifestation spontanée veut occuper l’espace public et se réapproprier la politique, afin de « reprendre place dans la République ».
Après plus d’un mois d’existence, le mouvement semble déjà avoir rencontré un écho médiatique conséquent : pour preuve, plus de 9 Français sur 10 déclarent avoir déjà entendu parler de « Nuit Debout » (92%). Pour autant, moins d’un tiers de la population dit suivre régulièrement son actualité (31%), et 7% disent ne jamais en avoir entendu parler. Et si une grande proportion de Français perçoivent positivement ce mouvement (46% déclarent en avoir une opinion positive, 37% une opinion négative, 18% ne savent pas), il ne recueille pas pour autant un soutien sans faille de la population. Seul un tiers affiche un véritable soutien au mouvement (33%), comparé à plus d’un Français sur deux qui ne le soutiennent « pas vraiment », voire « pas du tout » (54%).
Dans le détail, les jeunes ont sur ce mouvement une vision plus clémente, mais ne le soutiennent pas davantage pour autant. En effet, si plus d’un jeune sur deux âgé entre 18 et 34 ans déclare une sympathie envers « Nuit Debout » (54%), seuls 38% d’entre eux déclarent le soutenir.
Les avis sur « Nuit Debout » divergent également en fonction de l’appartenance politique : les sympathisants de gauche sont plus nombreux à avoir une opinion positive du mouvement (67% des sympathisants Front de Gauche et 54% des sympathisants PS, EE-LV, comparé à 42% des Centristes, 36% des Frontiste et 26% des sympathisants « Les Républicains »). Très supporté à l’extrême gauche (où 62% des sympathisants lui adressent leur soutien), le mouvement peine à recueillir des soutiens dans les autres franges de l’opinion : 37% des sympathisants PS, EE-LV, 27% des Centristes, 25% des Frontistes et 13% des sympathisants Les Républicains disent ainsi soutenir « Nuit Debout ».
Plus de quatre Français sur dix sont pour une prolongation de « Nuit Debout », un mouvement qui, malgré cela, « n’a pas vocation à durer » selon une large majorité
Partagés, les Français ne semblent pas en mesure de prononcer une opinion claire et tranchée vis-à-vis de ce mouvement : en effet, si pour près d’un Français sur deux, « le mouvement « Nuit Debout » doit pouvoir se prolonger car c’est un espace de débat démocratique » (42%), ils sont presque tout aussi nombreux à dire que ce mouvement « doit s’interrompre car il trouble l’ordre public et occasionne des débordements » (37%). Divisés sur cette question, les sympathisants du Front de Gauche et du parti Les Républicains expriment deux opinions divergentes : 70% des sympathisants du Front de Gauche souhaitent maintenir ce mouvement, alors que 69% des militants de l’opposition plébiscitent une interruption.
Interrogés sur les aspirations de « Nuit Debout », près des deux tiers des Français considèrent qu’il vise à obtenir l’abandon de la loi El Khomri sur le travail (62%), et à créer un espace d’échange et de débat démocratiques (60%). En retrait, un peu plus d’un Français sur deux estime que ce mouvement aspire à poser les bases d’un nouveau modèle démocratique (51%), et environ un tiers qu’il a pour but de faire émerger un « candidat citoyen » pour les futures présidentielles (36%).
S’il veut parvenir à ses objectifs, six Français sur dix estiment que ce mouvement devra se munir d’un véritable leader (60%), afin d’être véritablement influent sur la scène politique. Ce alors même que les deux tiers de la population considèrent que ce mouvement « n’est pas voué à durer dans le temps et qu’il va probablement s’essouffler dans les prochain(es) jours/semaines » (66%).